mardi 31 janvier 2017

Kerguelen



Le 23 janvier au soir, les côtes de Kerguelen sont enfin en vue, nous pouvons apercevoir la Presqu’île Jeanne d'Arc, le Cap des Aiguilles et le Pain de Sucre. Après 11 jours de pleine mer, nous apprécions de voir enfin un horizon et la perspective de pouvoir peut-être se dégourdir un peu les jambes à terre. Il est 17h, nous approchons doucement de l'archipel. Vers 19h le brouillard tombe, nous allons dîner et attendre le lever du jour pour en découvrir un peu plus. 




Nous apercevons enfin Kerguelen



Le 24 janvier au matin, nous voilà dans la Baie du Morbihan et nous pouvons déjà voir Port-aux-Français, encore appelé PAF, la base de Kerguelen. Nous apercevons de nombreux cormorans de Kerguelen, quelques éléphants de mer et des manchots royaux, ainsi que quelques voitures et personnes qui se déplacent sur la base. PAF est bien plus grand que la base Alfred Faure et de nombreux déplacements se font à l'aide de véhicules motorisés. Certains bâtiments sont maintenant désuets et en cours de destruction. L'hiver, la base accueille environ 50 personnes et jusqu'à plus de 100 l'été, mais certains scientifiques passent la plupart de leur temps en cabane (une cinquantaine sur l'île, contre trois à Crozet !) et ne restent pas sur base. 

Port-aux-Français
Baie du Morbihan
Cormoran de Kerguelen



Les heures passent, le vent ne faiblit pas et nos chances de mettre un pied à terre diminuent au fil du temps. A 14h30, les débarquants à Kerguelen sont descendus, puis les 20 personnes que nous devions récupérer montent à bord. Tout se passe sans problème. Il est maintenant 17h, le Marion Dufresne quitte tranquillement la Baie du Morbihan. Nous aurons seulement pu voir avec frustration les côtes de cette île qui se mêle régulièrement à nos conversations depuis plus d'un an.


Le 25 janvier au matin, je mets le réveil tôt car il est prévu de passer quelques heures dans la Baie des Baleiniers, au Nord de l'île, à proximité de Port-Couvreux, pour poser des filets. Le lever du soleil sur la côte est très appréciable, nous apercevons au loin les prémices du massif Gallieni, ainsi que certaines des nombreuses petites îles qui composent l'archipel (en tout plus de 300 îlots et rochers constituent l'archipel des Kerguelen, en plus de la grande île principale).


 
Baie des Baleiniers au petit matin



Il est 8h, nous quittons déjà Kerguelen, heureux d'avoir pu voir de nos propres yeux cet archipel mythique, mais déçus de n'avoir pu nous y promener un peu.


Pendant ce temps sur le Marion Dufresne, la campagne océanographique bat son plein. Vous trouverez ci-dessous quelques photos de ce que nous pouvons récolter dans les filets plongés à 1000m de profondeur. Nous partons maintenant en direction de zones plus chaudes et nous quittons petit à petit la zone subantarctique. D'ici une petite semaine, nous devrions apercevoir les côtes de Saint-Paul et Amsterdam


Larves de poissons des glaces



Poisson lanterne
Calmar

jeudi 19 janvier 2017

Dernier jour


Le 12 janvier, jour à la fois attendu et redouté, voilà le Marion Dufresne en BDM prêt à embarquer les derniers rescapés de la mission 53 (Manue, Gaëlle, Gaspard et moi-même). Cette rotation du Marion Dufresne est une rotation un peu spéciale, appelée AustralObs, et qui est avant tout une campagne océanographique. Ainsi pas d'hélicoptère à bord, mais seulement un zodiac sur lequel nous embarquons depuis la BDM. Après avoir passé autant de temps sur cette plage je suis contente de quitter Crozet en voyant encore une dernière fois les manchots (dont les petits poussins nouveaux nés qui ont commencé à montrer le bout de leur bec le 6 janvier !). Les au revoir ne sont pas si faciles mais il me tarde en même temps de revoir famille et amis, et, vous l'aurez je le pense constaté au travers de ces pages,  j'aurai bien profité de mes 14 mois sur l'île de la Possession ! 




Dernière photo



Nouveaux-nés 



A peine avons-nous quitté Crozet que nous partons plein Sud pour les prélèvements océanographiques. En certains points précis, des hydrophones sont installés (enregistrements de séismes, de fréquences de baleines), des filets sont jetés afin de récupérer du krill, des poissons, d'autres appareils permettent de récupérer le plancton à des profondeurs différentes, des études sont aussi menées sur la quantité de carbone anthropique retrouvée dans ces eaux...  Ces manœuvres ont lieu de préférence de nuit lorsque le plancton remonte en surface. Certains des prélèvements se font jusqu'à 4000 m de profondeur.
Ce départ plein Sud nous donne l'opportunité d'apercevoir les côtes Sud de Crozet, chose peu habituelle, car en temps normal le bateau part directement vers l'île de l'Est et les îles Kerguelen. C'est étrange de voir notre île depuis l'extérieur après 14 mois à en parcourir les moindres recoins. Le Mascarin ne paraît finalement pas si petit.


Vue de la BDM depuis le Marion
La base et le mont Branca
Mascarin, cap du Gauss et cap de Gallieni



La vie sur le bateau se passe doucement car je n'ai actuellement plus de travail à faire pour mon programme : lecture, films, observation des oiseaux marins qui suivent le bateau, un peu de sport, photo, tri de ce qui est prélevé dans les filets... 
Le 16 janvier nous aurons atteint le point le plus au Sud à 56°30. Nous ne verrons malheureusement ni iceberg ni aurore boréale. Depuis, nous faisons doucement route vers Kerguelen avec encore quelques arrêts prévus pour des prélèvements.









lundi 9 janvier 2017

Remue-ménage en BDM


A quelques semaines du départ, voici un article sur un sujet que je n'avais pas encore beaucoup abordé : les OP ou Opérations Portuaires


Les OP c'est quand le Marion Dufresne part de la Réunion et passe un mois à ravitailler les terres australes ; au passage il dépose et récupère des hivernants et transporte aussi une dizaine de touristes. Nous parlons de rotation, le bateau réalise toujours le même tour : d'abord Crozet, puis Kerguelen et enfin Amsterdam. Parfois le voyage est complété par un passage par Saint-Paul, l'île Maurice ou Tromelin (îles Eparses).


Il y a 4 OP par an : OP1 au mois de mars qui marque la fin de la campagne d'été et l'entrée dans l'hiver, OP2 en août avec la relève des militaires et du Discro, OP3 en novembre pour l'arrivée des nouveaux VSC et le lancement de la campagne d'été et enfin OP4 en décembre avec le départ de l'ancienne équipe de VSC. Pour ma part je partirai lors d'une OP un peu spéciale appelée ObsAustrale, au mois de janvier, au cours de laquelle le Marion Dufresne réalise une campagne océanographique.


Le Marion Dufresne et l'Hélilagon


Lors des OP, la base est ravitaillée en nourriture et tout autre produit dont nous pourrions avoir besoin, ainsi que le matériel nécessaire aux différents travaux. Lors d'OP3, les cabanes aussi sont ravitaillées. Lorsque la météo le permet, les cuves de fuel sont remplies et un détour est fait par l'antenne du relais 26 afin de vérifier les batteries. Ces différentes manœuvres sont réalisées par hélicoptère , sauf le fuel, la manche à gazole se trouvant en BDM. Certains gros containers sont aussi déchargés en BDM car trop lourds pour l'hélicoptère, c'est ce que nous appelons les portières.


Portière en BDM au mois d'avril © Batshéva Bonnet
 
Embarquement des passagers © Batshéva Bonnet




Au cours de l'année, nous avons pu observer et profiter du passage de nombreux bateaux (MD, frégates militaires, bateaux de pêche, voilier). En ce moment, un câblier se trouve en BDM. Je vous avais parlé en février de la future installation de câbles et d'hydrophones permettant de détecter les essais nucléaires : les travaux sont actuellement en cours. A OP4, une équipe américaine, composée de 7 personnes, est spécialement arrivée sur base pour la réalisation de ces travaux. 



Mise en place du câble

Le câblier

 
Récupération des bouées



** Pour la suite, mon départ de l'île de la Possession est prévu le 12 janvier, j'espère d'ici là avoir la chance de voir les petits poussins de l'année ! :) **